Salton Sea, Borrego Springs et le Canyon introuvable

Salton Sea, Borrego Springs et le Canyon introuvable

On a donc quitté Palm Springs ce matin, pour nous diriger vers notre dernière étape avant Tucson.

Borrego Springs est un petit bled situé dans le plus grand parc de Californie, l’Anza-Borrego State Park. Situé au sud de Palm Springs, c’est une zone désertique, au bord de la Salton Sea. Cette petite mer intérieure est une vrai désastre écologique, qui illustre malheureusement parfaitement l’état d’esprit des Américains, qui savent utiliser jusqu’au bout les ressources naturelles d’un secteur et le laissent tomber quand il ne leur sert plus à rien. En fin de page, vous pourrez lire un article du Monde très intéressant sur la Salton Sea.

On a donc longé un moment ce grand lac salé, avant d’arriver à Borrego Springs. Les images collent bien à l’article du Monde…

Après 90 minutes de route, nous sommes donc arrivés à Borrego Springs. Notre hôtel est top, et aussi étonnant que cela puisse paraître dans un coin aussi isolé et désolé, complet ! Les californiens de la côte quittent la foule et les bouchons de Los Angeles pour venir s’isoler à Borrego Springs ! Ils sont tranquilles ici, il fait beau et chaud, et ce petit village a également la particularité d’être la première réserve internationale d’étoiles de Californie. Ici, pas d’éclairage, et tous les habitants jouent le jeu pour offrir un magnifique spectacle de millions d’étoiles ! Cette nuit, je vais m’essayer à la prise de photos du ciel ! Résultats demain !

Notre hôtel, le Borrego Valley Inn. Chaque chambre a sa petite cour extérieure pour pouvoir observer les étoiles la nuit !

Plein d’entrain, on est ensuite partis pour faire un trek dans un canyon qui semblait très sympa, le Slot Canyon. On a donc trouvé le point de départ, mais jamais le point d’arrivée ! Le parcours n’était pas balisé du tout, et on a marché sous le soleil et la chaleur pendant près de 2 heures sans le trouver. Il a la particularité d’être très étroit… On a bien sué, dans un paysage aride et montagneux ! Raté pour cette fois, même si la ballade nous a offert quelques jolies vues !

Au loin on distingue la Salton Sea.

Un peu déçus de l’occasion ratée, on est rentrés à l’hôtel noyer notre chagrin dans la piscine de l’hôtel. Cette nuit, on se lève pour admirer les étoiles !

A demain !

Salton Sea (Article du Monde publié en 2016).

Né par hasard au début du XXe siècle, le lac salé de Californie se meurt depuis les années 1970. En s’évaporant, ses eaux entraînent l’extinction de la faune et libèrent des produits toxiques.

Ce qui frappe, lorsque l’on arrive aux abords de Salton Sea, c’est une odeur âcre qui pique le nez et s’insinue dans la gorge. Un mélange de pourriture et d’émanation de substances chimiques. De loin, le lac a gardé son bleu turquoise sur fond de roches rougeoyantes et dégage une magie qui en a longtemps fait un décor de carte postale. De près, il offre un spectacle de désolation : palmiers rabougris, terre brûlée par le sel, vase nauséabonde, et surtout des milliers de cadavres de poissons qui forment un ruban morbide tout au long de la rive. Spectacle dévoilé ici par Torbjørn Rødland. A travers ses photos, cet artiste norvégien installé à Los Angeles depuis quelques années cherche à interroger la société contemporaine et ses outrances. Salton Sea ne pouvait être un meilleur endroit…

Cette « mer » est née d’une erreur humaine. En 1905, la rupture d’un barrage sur le fleuve Colorado laisse s’échapper des tonnes d’eau qui trouvent refuge dans une vallée désertique, à quelques kilomètres de Palm Springs. Se forme un lac de 55 kilomètres de longueur et d’une vingtaine de kilomètres de largeur, le plus grand de Californie. Une aubaine pour les agriculteurs de la région, qui développent cultures et plantations. Dans les années 1950, le lieu devient un site touristique prisé. Les habitants des alentours y passent leurs week-ends et leurs vacances.

L’âge d’or hollywoodien

L’eau du lac qui s’est formé à la place d’une mer disparue depuis des millénaires est deux fois plus salée que celle du Pacifique. On y introduit des poissons qui s’épanouissent dans ce nouveau biotope. Les amateurs de pêche s’y bousculent, des concours sont organisés, un port est créé. Une ville bientôt, Salton City, puis une autre, Bombay Beach, où les motels poussent comme des champignons au milieu des terrains de camping. On se baigne, on bronze, on s’amuse de cette eau si salée qu’on y flotte comme sur la mer Morte.
Les sports nautiques alors en pleine expansion attirent les célébrités. Frank Sinatra y a ses habitudes, Jerry Lewis et les Marx Brothers aussi. Hollywood s’y retrouve pour faire des fêtes à tout casser. A son apogée, Salton Sea attire un million et demi de visiteurs par an, davantage que le parc Yosemite.

Mais, à partir des années 1970, la station bascule dans le cauchemar. L’eau commence à s’évaporer, la concentration en sel du lac augmente, accélérant en retour l’évaporation. Un cercle vicieux bientôt fatal aux poissons : faute de profondeur, ils meurent, faisant fuir les touristes. Les hôtels, les restaurants, les bars ferment les uns après les autres. Les rives du lac prennent des airs de ville fantôme : maisons à l’abandon, carcasses de mobile homes, miettes d’embarcations, voitures désossées. Aujourd’hui, la plupart des habitants sont partis, le port est fermé depuis plus de dix ans. Comme le Yacht Club et les commerces. Le terrain de golf n’a plus un brin d’herbe. Seuls survivent les oiseaux migrateurs qui dansent autour des poissons figés dans le sel.

Quatre fois plus de cancers

Salton Sea est maudit : avec l’évaporation de l’eau, les phosphates et les pesticides dus au développement de l’agriculture qui résidaient au fond du lac remontent à la surface et contaminent la région au gré des tempêtes. Une étude relève que les taux de cancer du poumon et de maladies respiratoires sont ici quatre fois plus élevés que dans le reste des Etats-Unis. Si la mer continue à s’assécher, c’est toute la vallée de Coachella qui risque de devenir inhabitable et un million et demi d’Américains qui seront contraints d’aller vivre ailleurs. De nombreuses associations de protection de l’environnement tirent la sonnette d’alarme. Certes l’évaporation de l’eau est inexorable, mais des mesures pourraient être prises pour préserver la faune et protéger l’environnement. Mais Salton Sea est loin de Los Angeles et de San Diego, et le sort des gens qui y vivent encore, une population pauvre, à 80 % composée de Latinos, n’émeut guère les autorités.

Aujourd’hui, ces paysages lunaires attirent des retraités désargentés qui viennent en caravane profiter du soleil en hiver. L’odeur pestilentielle ne semble pas les gêner. Ils passent leurs journées à jouer aux boules et à bavarder assis sur leurs chaises pliantes. Un préfabriqué abrite le Johnson’s Landing, un resto bon marché. L’été, il n’ouvre qu’un jour par semaine. Avec 50 °C à l’ombre, il n’y a alors plus personne à Salton Sea.

One thought on “Salton Sea, Borrego Springs et le Canyon introuvable

  1. Génial, comme d’habitude…
    Super intéressante, l’histoire de Salton sea, merci pour le partage!
    Biz les amis
    Eddy

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